Chapitre V: Modoc




 Escale à Modoc 


C’est une ville quasiment à l’abandon, elle a bien changé depuis mon dernier passage. Aucun champ n’est plus entretenu, quelques brahmines errent d’ici de là. 
Chaque habitant de la bourgade a le visage terne, hanté par le désespoir et la crainte, ces gens là craignent quelque chose, ils ont peur. 
Joe, le marchand nous révèle la nature de la sombre menace guettant le village: ils étaient sans nouvelle de la Ferme Extérieure, un terrain idyllique (découvert quelques années auparavant lors de mon précédent passage). Ce n’étaient pas des couards et l’équipe d’éclaireurs qu’ils avaient formée avait vu de bien sinistres cadavres crucifiés à des croix de bois plantées profondément dans le sol, derrière des silhouettes entourées de lumières… une présence malsaine, sans doute des Raiders, peut-être des Goules, en tout cas rien de bon. 
Sans plus attendre, les Petits déposent leurs affaires au motel de Dame Rose, une si charmante femme (je serais bien resté quelques heures de plus mais bon, vous savez ce que c‘est à cet âge!), et partent de nuit affronter ces horreurs et récupérer la ferme! 

La progression dans la nuit se fait facilement, la vue des croix et des lumières a été un choc pour tous, la peur commence à envahir nos coeurs. Qui pouvait être assez barbare pour crucifier des humains ? Ces lumières sont elles les dangereuses goules fluorescentes ? Doucement et prudemment Machette et Boris se rapprochent des croix. Les cadavres ne sont que des épouvantails! rien de plus qu’un habile subterfuge mais, alors, ces silhouettes illuminées que sont-elles vraiment ? 
Furtifs, nous nous rapprochons du bâtiment principal, en chutant lourdement dans une trappe cachée au milieu des champs, j‘entre en contact avec un étrange peuple! 
Dans le champ, au dessus de moi, les petits (Machette et Fergus car la lourde masse de Boris surgit prestement à mes côtés) sont très vite entourés d’êtres blafards, au regard hagard, parlant d’une seule et même voix, Fergus révèle sa position et les Blanchâtres l‘invite à me rejoindre. Machette passe entre les mailles du filet, dissimulant sa présence. 
En bas, notre trio fait face à des hommes lourdement armés, ils nous conduisent devant leur leader, un dénommé Verger. Anciens guerriers, lui et ses mercenaires, avaient rencontré les Slaghs, un peuple étrange, nocturne et fragile, un peuple de planteurs, d’agriculteurs, Verger était devenu leur guide et leur protecteur, ils avaient trouvé la ferme et les sous-sols qu’elle abritait. Ils n’avaient aucunement l’intention de partir. 

Après ce riche échange, le groupe fut enfermé à double tour dans une pièce solidement fermée. Machette, lui, veillait et espionnait, seul il ne pouvait rien faire, alors il décida d’aller chercher des renforts à Modoc. Dans sa retraite, il assomma deux gardes qui ne virent même pas l’ombre de leur assaillant. Dès lors, il se lança dans une course effrénée. 
Verger débarqua alors dans notre cellule nous demandant des comptes: qui a assomé deux de mes gardes? Vous aviez dit que vous étiez seul? J’étais sur le point de vous faire confiance! Le dialogue débouche sur la libération de Fergus qui se lançe à la poursuite de son frère. 
C’est en chemin qu’il découvre des Raiders en maraude, s’orientant vers le ferme. Fergus est seul, seul face à un dilemme, courir après son frère ou faire demi-tour pour avertir le groupe de Verger. 
Il rebroussa chemin. Deux frères seuls dans l’obscurité, chacun cherchant à sauver l’autre 
mais chacun courant dans des directions opposées. 
Dès l’arrivée de Fergus, la défense s’organisa: les Slaghs furent confinés dans les sous-sols, les mercenaires occupèrent les lignes de défense, Verger me permit de prendre position à l’infirmerie, Fergus fût remis dans sa geôle, il trépignait c’est sûr mais sans effet aucun sur Verger. 
Rapidement la bataille tourna mal, les Raiders, ivres de haine, pénétraient les défenses et chaque fois qu’ils parvenaient au contact… les blessés et les agonisants commençaient à s’entasser à l’infirmerie, pressentant bientôt que mes propres compétences de combat allaient être mises à rude épreuve, je commençais à préparer un fumigène. 

Machette, enfin arriva au village, il était et il resta seul. Seul face à la lâcheté des habitants de Modoc qui tous refusaient d’aller porter secours à la communauté de la Ferme. 
Machette reprit sa course effrénée, il était dépité. Et surtout, il était seul. 
Les combats avaient maintenant atteint la grande salle souterraine. Du sang, des cris et toujours moins de défenseurs. Je vis du coin de l‘oeil Verger ordonner à l’un de ses hommes de libérer Fergus et Boris... le combat gagna en ampleur et la bataille devint rapidement une pagaille sans nom… 
Enfin! Fergus et Boris se lancent dans le combat, déciment les rangs des Raiders, l’un à grand coup de bouclier anti-émeute, Fergus sans son arc, à coup de lame ou à mains nues! 
Par leur adresse et leur détermination, les deux hommes renversent le cours de l’affrontement. Fergus sauva de son corps Verger et Boris écrasa le pitoyable Raider qui me harcelait et que j’avais blessé et ébouillanté sans parvenir à le faire lâcher prise! 
L’arrivée de Machette marqua la fin de l’affrontement, il pénétra dans une salle jonchée de cadavres. Il était arrivé trop tard, et sa présence aurait pu certainement éviter beaucoup de morts. 
Tous pansaient leurs blessures, Fergus dans les bras d’une des gardes du corps de Verger (sacré Fergus!), les autres aux mains naïves des Slaghs. 

Ce moment fut aussi l’occasion de convaincre Verger et son groupe de rejoindre la Fosse, là-bas, je sais qu‘ils trouveront un lieu de repos, un lieu où ils auront enfin leur place. Verger n’arrivera pas les mains vide, il emporte avec lui une bibliothèque de l’avant-guerre. A la Fosse, un avenir tout particulier attend celui qui sait lire et qui a la vocation de devenir un guide et un protecteur… 
Nous regagnons Modoc, ses habitants sont contents que les voleurs de la Ferme Extérieure aient décidé de vider les lieux pour les rendre à leurs légitimes propriétaires: les fiers et courageux habitants de Modoc… ouais… même leur engagement à honorer les tombes des mercenaires tombés au combat contre les Raiders nous semble à tous très léger… 
Nous quittons cette ville avec un goût amer en bouche. Le goût amer de la défaite et de la déception. Le goût amer de l’échec. 
Qui plus est quelque chose semble s’être passé entre les garçons, Fergus est d’un côté, plus fervent que jamais, il m’a dit avoir discuté avec Gabriel après le combat contre les Raiders, Machette, lui, marche à l’écart, il est dégoûté du comportement de poltrons de ceux de Modoc. 
Je sais qu’il reviendra dans le groupe, ils sont encore jeunes et inexpérimentés, c’est le boulot qui rentre et Jack leur manque. Il nous manque à tous… 

Après un trajet éprouvant, notamment dû à nos blessures, que nous posèrent nos bagages à la Cité de l’Abri. Accueil chiche et glacial, quelques boutiques décrépites, les Petits courraient presque vers la boutique de Ed pour enfin pouvoir localiser le Jardin d’Eden en Kit qui pouvait sauver le village d’Arroyo, leur village, notre village, le village fondé par Gabriel! 
Hélas, trois fois hélas, le dénommé Ed nous révéla qu’il possédait un stock de flasques du Saint 13 mais qu’il ne possédait pas de JEK et qu’il n’avait aucune idée de la position de cet Abri! 
Un seul espoir pour sauver Arroyo, trouver la Première Citoyenne et lui demander d’accéder au Grand Ordinateur pour trouver la localisation du Saint 13! 

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